Comment hacker Google
Un exemple de recherche avec des requêtes avancées.
Tous les jours, sans même le savoir, nous parlons à des machines. Nous leur posons des questions et, comme par magie, elles nous répondent.
Pour des recherches simples (horaires de cinéma, achats divers, etc.), Google a un côté magique. Mais pour des questions plus spécifiques, il faut savoir lui parler. Avec quelques éléments de syntaxe propres aux moteurs de recherche, un peu de logique et de réflexion, tout un monde d’informations s’ouvre à vous.
Un exemple? Voici une question hypothétique…
Supposons que vous appartenez à une association tunisienne qui souhaite démarrer un travail de prévention du VIH auprès des usagers de drogues injectables. L’échange de seringues déjà utilisées est un des grands facteurs de risque de transmission du sida. Dans plusieurs pays, pour diminuer ce risque, des groupes communautaires distribuent des seringues propres à usage unique.
Vous aimeriez savoir quelles organisations font un travail similaire dans les pays musulmans, lesquelles bénéficient d’un financement international et, si possible, quel en est le montant.
J’ai fait la recherche et j’ai trouvé un réseau d’organisations qui promeuvent la réduction des risques chez les consommateurs de drogues dans les pays musulmans. Ils fournissent les coordonnées de quelques experts anglophones et francophones et une liste de donateurs internationaux.
Comment ai-je trouvé ? Voici les étapes que j’ai suivies.
Je doute qu’une base de données puisse fournir une réponse satisfaisante à une question aussi spécifique. Plutôt que des données brutes, nous recherchons des informations qui se trouvent très probablement sur une page web ou dans un document texte. Un moteur de recherche général est donc un point de départ plus approprié (plutôt qu’une base de données ou un site web unique).
Il faut savoir imaginer les termes les plus couramment utilisés en rapport à votre question. Certains mots-clés importants figurent dans la question ci-dessus, mais ils ne correspondent pas nécessairement à ceux qui sont utilisés sur les pages ou dans les documents qui y répondent.
Je fais donc une première recherche sur Google avec prévention VIH pays musulmans drogues injectables, juste pour voir.
Première constatation: la recherche me donne… 185,000 résultats! Je doute qu’une thématique aussi pointue renvoie autant de résultats pertinents.
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Quand Google vous renvoie des milliers, voire des millions de résultats, la raison est simple: votre question est trop vague pour que la machine « comprenne » ce que vous voulez et, par conséquent, elle vous refile tout ce qu’elle trouve dans le fond de ses disques durs.
Deuxième tentative: je précise la question en mettant des guillemets autour des expressions exactes, ces mots qui vont nécessairement se retrouver côte à côte dans les pages et documents que je cherche: « pays musulmans » et « drogues injectables ». Les guillemets forcent le moteur de recherche à considérer la série de mots qu’ils renferment comme un seul mot: prévention VIH « pays musulmans » « drogues injectables »
Je n’ai plus que 247 résultats, incluant une expression et son acronyme, « usagers de drogues injectables » et UDI.
Les premiers résultats mentionnent la Malaisie et l’Iran… Et je réalise que la langue que j’ai choisie pour faire ma recherche, le français, n’est probablement pas celle qui me renverra le plus de résultats pertinents. En effet, comme je l’apprends en tapant sur Google combien y a-t-il de pays musulmans, seule une minorité parle français parmi la cinquantaine où l’Islam est pratiqué par la majorité de la population, la plupart au Moyen-Orient et en Afrique.
Nouvelle stratégie: je passe à l’anglais!
Ma nouvelle requête, incluant la traduction anglaise de « usagers de drogues injectables » et UDI: HIV prevention « muslim countries » « injecting drug users » OR IDU « middle east ».
A noter que les synonymes sont séparés par l’opérateur OR (en majuscules) dans une requête.
Comme vous pouvez voir en tête de résultats, Google suggère une liste d’articles universitaires. Ceci renvoie à Google Scholar, un moteur spécialisé dans la recherche de publications spécifiques. Scholar a reconnu l’expression technique « injecting drug users » qui suggère que je cherche un contenu spécialisé.
Je trouve une expression qui pourrait me servir à préciser ma requête, si besoin: « harm reduction » (« réduction des risques » en français).
So I go back to my search results and find what seems to be a close match to what I’m looking for: HIV among People Who Inject Drugs in the Middle East and North Africa: Systematic Review and Data Synthesis
L’article a été publié en 2014 par PLOS Medicine qui, après une rapide vérification, s’avère être une source sérieuse et fiable d’articles de recherche évalués par les pairs. Celui-ci a été cité 145 fois.
Je le parcoure rapidement. Il est très long et je n’ai pas le temps de le lire en entier. Je fais donc Ctrl+F (ou Command+F sur un Mac) et je tape « prevention« , pour trouver rapidement et passer au mot-clé le plus susceptible d’être utilisé à côté des parties de l’article qui contiennent ce que je cherche (*si vous n’êtes pas familier avec l’anglais et que vous utilisez Chrome, faites clic-droit dans une partie vide de la page et traduire en français.
Et effectivement, après avoir cliqué 4 fois sur « suivant », j’arrive à une section intitulée « HIV Response among PWID in MENA ». L’article fait référence à des programmes de réduction des risques pour les personnes qui s’injectent des drogues (PWID pour « people who inject drugs ») en Lybie, en Iran, en Afghanistan, en Égypte, au Liban, au Maroc, au Pakistan et en Tunisie.
Il mentionne également MENAHRA, un réseau d’organisations régionales et internationales qui reçoivent des fonds de donateurs internationaux pour promouvoir la réduction des risques chez les personnes qui s’injectent des drogues (PWID). Je trouve facilement le site web de MENAHRA avec les coordonnées des principaux membres du personnel.
Sur la page d’accueil, une carte cliquable présente les profils de réduction des risques des pays de la région et, surtout, le site donne accès à une… base de données des donateurs à partir de son menu supérieur. Cette base de données répertorie tous les donateurs internationaux qui financent ou pourraient financer le travail de prévention auprès des consommateurs de drogues injectables.
La région MENA (Moyen-Orient et nord de l’Afrique) ne couvre que 20 pays sur un total d’environ 50 où l’Islam est pratiqué par une majorité. Mais ce que j’ai trouvé est déjà un bon début.
Puisque vous êtes basé à Tunis et que de nombreux autres pays musulmans ont le français comme langue officielle (comme le Maroc, l’Algérie, le Liban, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal), vous pouvez effectuer une recherche séparée avec les mots-clés français correspondants.
Vous pourriez passer beaucoup de temps à suivre d’autres pistes sur le Web, mais je recommande toujours de demander l’aide d’experts lorsque le champ d’application de ce que vous recherchez est assez large, comme ici.